De Marc Aurèle à Constantin
Comme le montrent la mosaïque et la monnaie figurant sur la couverture, la croyance en l’Éternité de Rome et en l’Éternité cyclique de l’Univers demeurait vive chez les habitants polythéistes des provinces romaines, du règne de Marc Aurèle à celui de Constantin, 161-337 après J.-C. Durant ces presque deux siècles, de nombreux changements se firent jour. Ils concernent l’évolution tant du régime que de l’idéologie et du contenu du culte impérial ; ils concernent aussi les vertus attendues des empereurs comme de leurs représentants : sagesse, courage, valeur militaire, compassion aux difficultés des populations. Des documents peu exploités – lettre privée aux empereurs, revers monétaires, bornes milliaires, actes de Conseil Municipal sur papyrus – illustrent l’évolution des rapports entre les souverains et les cités. Invitent d’autre part à la réflexion, les transformations de la vie sociale autant que celles des imaginaires, souvent perceptibles dans l’architecture des maisons ou les choix des décors domestiques, qui permettent de mesurer l’écart séparant de plus en plus les riches élites citadines de leurs clients et dépendants. Temps de crises, de guerres extérieures et civiles, de désastres militaires comme le montre une inscription trilingue extérieure à l’Empire, et de persécutions occasionnelles des chrétiens, mais aussi temps de quêtes philosophiques et religieuses, temps de foi en l’homme, en Rome et dans le Monde, que l’on définirait volontiers aujourd’hui comme un « âge de spiritualité », plutôt que comme un « âge d’angoisse ». Le présent livre réunit des études élaborées dans le cadre d’un programme de recherche du Centre Gustave Glotz (UMR 8585).